Droits et devoirs ?

Publié le par Le Nouveau Centre 91

En ce samedi de pâques, l’envie soudaine de vous interpeller sur un sujet barbant :

Il y a quelques mois, un maire est condamné pour une torgnole administrée à un garnement qui l’injuriait. Je note que François Bayrou avait explosé dans les sondages aux dernières présidentielles, après avoir collé une gifle à un gamin qui tentait de lui dérober son portefeuille. Ce que les gens ne savent pas, c'est qu'après cet acte spontané, Bayrou était persuadé que sa campagne était foutue et qu'il avait commis l'irréparable. Ce n'est que le lendemain dans un quasi demi-deuil qu’il a découvert que le bon sens avait salué son geste. Nous avons une justice qui quitte le domaine des valeurs pour sa cantonner au droit.

L’autre jour, j’étais à Evry pour soutenir un élu qui a « peté les plombs » devant une occupation sauvage d’un terrain de sports par des caravanes et la dégradation d’équipements communaux.

Je me souviens de cette pétition que j’avais lancé au bénéfice d’un maire des Yvelines qui avait été mis en examen parce qu’un individu qui roulait fortement alcoolisé, sans ceinture et à deux fois la vitesse autorisée s’était tué en franchissant un dos d’âne, au prétexte que le dos d’âne était mal signalé…

En fait, la justice a certainement raison, le suffrage universel devrait être une sorte d’illumination qui fasse de nous, définitivement, des êtres inhumains, insensibles à l’émotion, parfaits et maitrisant spontanément toutes les textes de lois.

Je plaisante, il y avait un garde-fou à cela qui a totalement disparu ou presque, c’est celui de la réciprocité.

Il fut un temps ou les bobbies, les policiers de Londres n’étaient pas armés. Les délinquants savaient qu’ils étaient des intouchables et que la moindre violence à leur égard conduisait à des sanctions terribles.

· Comment ne pas forcer la caricature (à peine), en vous disant que lorsque j’étais jeune, si j’avais une mauvaise note en classe, je savais qu’à la maison cela allait mal se passer.

· Est-ce forcer le trait de dire, qu’aujourd’hui des parents, en cas de mauvaises notes sont capables d’aller engueuler le prof et de le changer d’école.

Il y a quelques jours un jeune d’Egly qui passe ses soirées dans un abribus de Janvry et qui, avec ses petits camarades, avaient encore dégradé le lieu, me passe sur son Smartphones dernière génération son père qui m’engueule parce que j’ennuie son fils, que c’est tout à fait normal qu’un mineur squatte à dix heures du soir un abribus a 20km de chez lui en semaine et qu'il commande des kebabs, dont il en laisse les restes sur place.

Lorsque je parle d’effet miroir de réciprocité, c’est là où cela se joue : l’autorité doit être exemplaire à condition qu’elle soit reconnue comme telle. A quinze ans, si le maire de Janvry m’avait demandé de descendre d’un mur, je vous prie de croire que j’aurais obtempéré même si j’étais déjà un rebelle.

Lorsque nous assistons à une installation sauvage de caravanes, le moindre geste pour tenter de l’empêcher conduit systématiquement à se faire traiter de nazi, à dire qu’en 1940, nous aurions aimé qu’ils soient exterminés, à être menacé de violence sur soi-même ou sur sa commune, en présence des gendarmes, voire d’être bousculé par un véhicule volontairement alors que vous êtes parfaitement identifié dans vos fonctions et où le procureur classe l’affaire.

Quand sera-t-il possible de faire condamner les gens qui nous injurient ?

Ainsi un élu stigmatise, mais le citoyen peut le traiter de pourri, de nazi etc., cela n'a aucune importance...

Il y a une grande difficulté à rester exemplaire à sens unique et lorsque tout contribue à désacraliser l’autorité, de soi-même, c'est un défi que d’être respectable si la fonction n’est pas respectée.

Je ne sais pas si « l’interdit d’interdire » de 1968 est la source de cette perte de références et déliquescence, mais à voir ce maire au tribunal d’Evry, passer entre tabasseur de femmes et un voyou voleur de voitures, je me disais qu’il y a fondamentalement quelque chose qui ne tourne pas rond.

Il ne serait pas dans cette salle d'audience si des individus n'avaient pas brisé des barrières, pénétré sur un terrain de foot avec leurs véhicules et maculé le site de différents restes qui d'habitude sont gérés par l’assainissement.

Difficile pour un élu qui est précautionneux de sa commune et de l'argent dépensé en équipements que des individus puissent impunément détruire et que lui devrait baisser les yeux ou regarder ailleurs. Pourquoi ce viol de la propriété, ces destructions et ces pollutions ne sont-elles jamais poursuivies ? Ainsi ce sentiment d'impunité laisse désarmé celui qui est en charge de la bonne administration de son village et la solitude peut conduire à dire merde au "politiquement correct".

Ceux qui sont en charge d’exercer le pouvoir ont une mission bien difficile que certains leurs envient pour les aspects les plus vains. En fait c’est le défi quotidien de se tromper le moins possible, d’être le plus juste et ceci peut conduire à une solitude terrible et donc à des accidents.

On nous demande d’exercer ce pouvoir en nous retirant les moyens moraux et la respectabilité. Ainsi sur la balance de la justice, le plateau des devoirs semble bien chargé mais celui des droits semble bien vide.

Christian Schoettl

Maire de Janvry

Délégué départemental du NC91

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